Pierre-Jean
Vaillard
Pierre Jean Vaillard était un habitué des tournées en
Algérie Française où il était très apprécié.
Il venait avec l'équipe des
"Trois Baudets"
Voila ce qu'il pensait de la culpabilité coloniale de la
France, déjà avant 1962.
Quand ma pensée s'en va
vers l'Afrique du Nord
Je me sens, tout d'un coup,
bourrelé de remords
Que l'Algérie soit une province
française,
C'est évident, bien sûr, bien
qu'à tous ça ne plaise
Que des hommes aient fait d'un
bled qui n'était rien,
Ce beau pays
algérien
Nul ne peut dire le
contraire...
Seulement, ces temps-ci, il faut
compter, là bas,
Avec un mécontent, un certain
fellagha.
Et, petit fellagha, c'est à toi
que je pense
En voyant ta rancune à l'égard de
la France.
J'ai beaucoup réfléchi et ma
méditation
Me décide à venir te demander
pardon.
Oui, pardon, Fellagha, pardon
pour mon grand-père
Qui vint tracer des routes et
labourer la terre.
Il est tombé chez toi, il a tout
chamboulé.
Où poussaient des cailloux, il a
foutu du blé
Et, mettant après cela le comble
de l'ignoble,
Où poussaient des cailloux il a
fait un vignoble
Pardon, cher petit
Fellagha,
Oh, pardon de tous ces
dégâts.
Et mon affreux grand-père (il
faut qu'on le confesse)
N'était pas seul de son
espèce.
Ces autres scélérats ont bâti des
cités
Ils ont installé l'eau et
l'électricité.
Et tu n'en voulais pas, c'est la
claire évidence
Puisque avant qu'arrive la
France
Tu n'avais, en dehors de la
Casbah d'Alger,
Que la tente ou bien le gourbi
pour te loger.
Et tu t'éclairais à
l'huile
Nos maisons, bien sûr, c'était la
tuile.
De l'électricité, là encore
soyons francs,
Tu ne demandais pas qu'on te
mette au courant
Tu t'es habitué à ces choses
infâmes
Mais à regret et la mort dans
l'âme
Stoïquement, d'ailleurs,
supportant ces malheurs,
Avec courage et bonne
humeur.
Mais tu engraissais, mais de
mauvaise graisse
Car tu prenais le car, ( une
invention traîtresse)
Ce même car que, pris d'un délire
divin,
Tu devais, un beau jour, pousser
dans le ravin.
Je comprend ta rancoeur, je
comprends ta colère,
Tu n'es pas au niveau des Arabes
du Caire
Tu gâches et tu vis mieux qu'un
fellagha egyptien.
A quoi Nasser ... Nasser a
rien
Nous avons massacré les lions,
les panthères,
Nous avons asséché les marais
millénaires.
Les moustiques sont morts.... les
poux, De Profundis.
Nous avons tout tué, jusqu'à la
Syphillis.
Ah! Pardon, Fellagha, pour tous
ces carnages.
Nous avons fait tout cela, c'est
bougrement dommage.
Car si d'autres idiots l'avaient
fait, inspirés
C'est nous qui maintenant,
viendrions vous libérer,
Et bouffer les marrons cuits pour
ces imbéciles.
C'aurait été moins long et
beaucoup plus facile.
Bien pardon, Fellagha, de t'avoir
mieux nourri,
Et d'avoir à tes pieds nus, mis
(oh maladresse),
Des souliers...
Dont tu voudrais nous botter les
fesses.
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Pierre-Jean Vaillard
(Sète, 12 mars 1918 - 17 février 1988) est un chansonnier
français.
Chansonnier, écrivain,
auteur d'aphorismes, comédien de théâtre et de radio, il a été à l'origine
avec Jacques Canetti, de la fondation, en 1943, du théâtre des Trois-Baudets
à Alger (rue Mogador). Il a été la tête d'affiche du théâtre des Deux Ânes
pendant plus de 30 ans.
Il a vécu les dernières
années de sa vie rue de Saint Simon (Paris VIIe). Il est mort le 17 février
1988 et est enterré au cimetière de Montmartre. (source
Wikipedia)