Les Parfums
 
 
SOUVENIRS INOUBLIABLES

" Depuis l'enfance, le parfum est pour moi l'essence de la vie, je ressens en moi les émotions olfactives et poétiques qu'il procure, comme autant de souvenirs inoubliables. Jouant de quelques notes subtiles, il guide mes impulsions, inspire ma vision du monde, dirige mes pas vers des bonheurs sans cesse renouvelés. J'aime le sentir s'exprimer à travers les légendes, les voyages, les rencontres...
J'aime le sentir se faufiler dans mon quotidien, ponctuer ma vie d'émotions subtiles et intenses."
  
Isabel Derroisné
 
 
 
LE PARFUM DU LILAS
 
Douce et tendre nostalgie...
 
Je n'aime pas le dimanche...pourtant ce jour, quoiqu'on en dise, n'est pas un jour comme les autres, il y  flotte un parfum différent.
Le temps s'arrête, il semble suspendu, une sorte de trêve, d'accord universel.
Les rues sont silencieuses, les cafés désertés, les voitures moins nombreuses, seul le parvis de l'église, en ce jour unique, est animé ! (Pardon j'oublie les pâtisseries !)
Dimanche, Jour de repos. Tout a été créé pendant les 6 jours de la semaine, tout a été accompli,  il faut se reposer !
C'est ce " il faut " qui m'agace, cette " stéréotypation " (ne cherchez pas dans le dico, ce mot n'existe pas)
Ce système bâti autour des jours de fêtes - des " festa dies " où l'humeur doit être joyeuse car c'est un jour de joie.
On nous oblige presque, à coup de pub envahissant la Télé, de journaux encombrant nos boites aux lettres, à appuyer sur un bouton pour se reposer, rire, être aimable etc. etc....et surtout acheter, consommer
Ben ça m'agace ! À la limite,  ça me stresserait même !  ou déprimerait.
Il m'est arrivé de penser :
- est-ce que je vais réussir à " avoir la tête du dimanche, ou celle de Noël " ? avec la semaine hard que je viens de passer.... mdrrrr (mort de rire)
En fait tout simplement, je n'aime pas qu'on m'oblige ! je n'aime pas me conditionner à la carte !
 J'aime faire les choses spontanément suivant l'humeur du moment...pas vous ?
Pourtant...eh oui...il y a ce pourtant...
Le dimanche et son parfum...je cherche le nom de la fleur qui l'embaume...je ne vois que celui du lilas.
Pas n'importe quel lilas, désolé, celui de mon enfance ! Celui de la tonnelle où il grimpait gracieusement de toutes ses grappes d'améthyste, laissant derrière lui,  cette senteur incomparable douce et tendre.
Et puis, sa suavité retrouvée, imprimée quelque part dans ma tête, des images me parviennent comme des caresses...le dimanche avec mes parents et mon polisson de frère. Le dimanche où, reluisants comme des sous neufs, nous allions à la messe avec notre père. Le dimanche après le " ite missa est " et sa volée de cloches aux accents d'Alléluia !
Et la petite faim de midi qui tortillait le ventre, pendant que  nous nous dirigions vers la maison.
Et cette prière exaucée après le " donnez nous aujourd'hui notre pain quotidien " car le miracle nous attendait bien là, en pénétrant dans la cuisine, avec cette odeur exquise de poulet rôti, titillant nos papilles,  cette odeur entremêlée à celle doucement acidulée  de la compote de pommes vertes.
C'était l'amour de notre mère qui était le miracle avec son menu amélioré !  Eh oui c'était dimanche !!...
A table, tout le monde était joyeux, tout le monde était en paix : on se racontait des petites choses soyeuses, légères que la semaine des + de 50 h de travail de mon père, empêchait  de se dire.
Et après le repas, sur la terrasse au lilas, le café était servi.  Mon père fumait sa cigarette du dimanche avec son geste élégant de la main. Tel un calumet de la paix, on se taisait profitant de cette délicieuse sérénité de la famille réunie.
On a tous de ces souvenirs tenaces comme un parfum de lilas, un parfum d'enfance,
le parfum de la nostalgie des jours enfuis.
Sans doute ne sommes-nous pas assez attentifs au présent ! et bien plus tard, nous retrouverons cette senteur de lilas d'un dimanche  passé auprès de nos enfants et petits-enfants.
 
Le présent est un parfum que l'on apprécie, une fois que le temps est passé !

FLeuRBLeuE-PluMeRosE
 
 
 
LE PARFUM DU MUGUET
 
...un rendez-vous parfumé tous les 1er Mai
 
Des clochettes qui tintent dans nos têtes sur un air de Francis Lemarque .
 
 
Le Temps du Muguet
 
Il est revenu, le temps du muguet
Comme un vieil ami retrouvé
Il est revenu flâner le long des quais
Jusqu'au banc où je t'attendais
Et j'ai vu refleurir
L'éclat de ton sourire
Aujourd'hui plus beau que jamais
Le temps du muguet ne dure jamais
Plus longtemps que le mois de mai
Quand tous ses bouquets déjà seront fanés
Pour nous deux rien n'aura changé
Aussi belle qu'avant
Notre chanson d'amour
Chantera comme au premier jour
Il s'en est allé, le temps du muguet
Comme un vieil ami fatigué
Pour toute une année, pour se faire oublier
En partant il nous a laissé
Un peu de son printemps
Un peu de ses vingt ans
Pour s'aimer, pour s'aimer longtemps.
 
Version originale de Vassily Soloviev-Sedoï et Mikhaïl Matoussovski
Paroles françaises: traduction de Francis Lemarque
 
 
 
Aimer à perdre la raison
Aimer sans souci des qu'en dira-t-on
 
Laisser du coeur, la porte ouverte
Un sourire sur des lèvres offertes
 
Un inconnu sur ses pas, s'est engagé
Un brin de muguet, lui a donné
Désemparée, elle s'est retournée
 
De sa poche, la magicienne a sorti
Un bouquet de myosotis...
Don't forget me
 
FLeuRBLeuE-PluMeRosE
 
 
 
 
 
 
 
LE PARFUM DE LA ROSE
 
...parfum enjoleur de l'été

Il y a de ces rosiers…

 
Il y a de ces rosiers, chantés par les poètes
Resplendissants en leur première floraison
Qui meurent, on ne sait trop pourquoi,
Surpris par les premiers frimas
D'une  précoce arrière-saison
La raison en est secrète
Sans doute, de racines ont-ils manqué !

 
 
Il y a de ces rosiers, chantés par les poètes
Qui s'adaptent aux rythmes des saisons.
En apparence un peu sauvages
Et résistants à tous les orages,
Ils sont discrets dans leur parure
Mais audacieux  le long d'un mur
 D'une modeste maison
Leur découverte en est une fête
Sans doute, une main divine les a-elle- créés !
 
 

Et puis…et puis, il y a de ces rosiers, chantés par les poètes
Qui nous font  perdre la raison !
En déployant sous le soleil de l'été
La magnificence de leurs pétales veloutés
Et la sensualité de leur exhalaison.
Enchantement de la fée magicienne
Amour, amour, pourvu qu'il vienne….
Leur arme en est secrète
Sans doute, un sol fertile les a-t-il encensés!
 
 

Ces rosiers, tant chantés par les poètes
Aux épines érigées en fers de lances
Dont la  piqûre rouge-sang
Aux perles d'eau se mêlant
Donnent  à la rose  sa  subtile fragrance.
L'amour en est le secret
Sans doute, avec vigilance faut-il les choyer!
 
 

Cette fleur unique, tant chantée par les poètes
Fleur du Mal  à la Baudelaire
Et " Mignonne… " suivant Ronsard
Qui de fleurir et refleurir  ne se lasse
Bercée au fil du temps
Comme une plume au gré du vent,
Nous parle à voix basse
Dans les secrets murmures de sa robe plissée
Sans doute, des amoureux l'ont-ils caressée !
 
 
 
Rosier fragile et fort à la fois, tant chanté  par les poètes
Arrosé par les larmes de trop d'amour
Celui d'une vie ou celui d'un jour
Tu  continues de vivre dans nos jardins
Rayonnant de joie suivie de gros chagrins
Et pendant bien longtemps…
Et même, sûrement  jusqu'à la fin des temps…
Des hommes et des femmes, à tes épines se piqueront
La raison  en  est obsolète
Le cœur a ses raisons !

 

Ce rosier tant chanté par les poètes
De désespoir, dans mon jardin, s'étiolait …
Ses feuilles  étaient desséchées et ses fleurs fanées
Mais avant que de mourir
Il se rebelle, refusant  ainsi de périr
Assoiffé de tendresse, il se met à hurler
Je suis vivant ….et j'ai besoin
Non de  mots et contemplation
Mais de vigilance et d'attention
De gestes d'amour et de soins quotidiens,
Comme une mère pour son enfant ?
Comme un époux pour sa femme ?
Comme  Isaac pour Rébecca ?
Sans doute !
à Rébecca

FLeuRBLeuE-PluMeRosE